Témoignage : cheminement vers une dialyse annoncée

Ça y est, je suis là devant cette porte que je m’apprête à franchir pour la première fois.


Aucun sentiment de crainte, aucune colère en moi, c’est juste l’instant de faire le pas volontairement et sans pression. Je découvre un nouveau monde, celui des reins artificiels, alignés dans cette pièce avec le personnel soignant qui s’affaire.


La dialyse n’arrive pas à l’improviste, on la prévoit et on peut l’anticiper sauf accident.


Deux comportements peuvent alors émerger, le premier qui consiste à refuser tout en bloc, ne pas vouloir voir la chose, le déni total.


Le deuxième comportement plus ouvert, permet de se préparer à cette situation pour l’accepter.

 

Quel que soit le choix qui est fait l’événement va se produire, la dialyse aura lieu. Par contre les conséquences pour la personne et son entourage seront totalement différentes.


Pour ma part j’ai choisi de me préparer pour finalement accepter dans la douceur. La seule idée de la dialyse me terrorisait depuis fort longtemps et me rendre à l’évidence que cela allait m’arriver me paraissait un mur infranchissable.


Il y a trois ans environ j’ai commencé à pratiquer la méditation, tout seul dans mon coin, sans aucune expérience dans le domaine. Un jour lors d’un rendez-vous avec ma médecin généraliste j’aborde le sujet afin de savoir ce qu’elle en pense. J’ai été très surpris par sa réaction mais la connaissant je m’y attendais un peu. Elle pensait que cela pourrait m’aider et me donna les coordonnées d’une personne qui pouvait m’enseigner les rudiments de cette pratique. J’étais encore plus surpris lorsqu’elle m’indiquait qu’elle-même avait suivi cette formation !


Au cours de ce stage effectué à l’entrée de la période Covide j’ai appris à prendre conscience de certaines choses, la sensation de mon corps, de l’environnement dans lequel il évolue etc …. Je savais déjà que je devais poursuivre dans cette voie et approfondir mes connaissances.


Je trouvais donc une formation en ligne d’une trentaine de leçons à effectuer sur une durée de sept mois. Parallèlement à cela, deux fois par mois je profitais du soutien d’une des membres de l’encadrement du groupe de méditation ce qui me permit d’éclaircir mon avenir. En effet je prenais conscience qu’un bouleversement de l'espace temps allait se produire et que je devrais m’y adapter.


Trouver de nouvelles activités et se construire une nouvelle vie allaient me permettre d’accepter la situation telle qu’elle se présentait.


Suite à la formation en ligne j’effectuais un stage de cinq jours en immersion totale dans un monde complètement nouveau pour moi.  Nous étions une cinquantaine de stagiaires à vivre des instants tellement forts sur le plan émotionnel que nous en ressortions profondément transformés.


À la suite de cette expérience j’allais accepter sans condition le fait que je serais dialysé un jour.


Pendant ce temps les analyses mensuelles révélaient une baisse régulière du débit de filtration des reins. Cependant aucun symptôme notoire ne se manifestait jusqu’au jour ou la première crampe nocturne apparaissait dans les membres inférieurs. C’était des douleurs très intenses qui pouvaient durer plusieurs minutes. La méditation m’avait appris à soulager ce type de douleur d’une manière assez efficace.


Dans le même temps je me formais à la radiesthésie en soins énergétiques et grâce à cela je parvenais à supprimer presque totalement les contractures nocturnes.


Le débit de filtration continuant à diminuer des douleurs un peu diffuses se faisaient sentir ainsi que des essoufflements la nuit en position allongée. Ces symptômes empirant avec le temps et le débit de filtration extrêmement bas me conduisaient à prendre un rendez-vous en urgence auprès de ma médecin généraliste pour obtenir son avis sur le sujet. J’ai une confiance illimitée en cette personne qui a toujours été de bon conseil dans des situations délicates et j’en profite ici pour la remercier de tout cœur. C’est une personne importante pour moi depuis de nombreuses années.


Après lui avoir exposé mon ressenti ainsi que mes interrogations et suite à l’examen clinique son avis tombe clair et net, il est temps de mettre en route les séances de dialyse. De retour à mon domicile je contacte sans attendre le néphrologue qui me suit pour lui expliquer la situation. Ce dernier me programme une première séance pour le mercredi suivant soit deux jours plus tard. À ce moment tout va très vite dans ma tête ; cet instant auquel je me prépare depuis des mois est imminent. Je ressens un immense soulagement mélangé à un léger sentiment d’inquiétude. L’échéance toute proche me paraît encore lointaine, deux jours d’attente, deux jours pour cogiter, pour digérer.


Et puis soudain tout s’accélère, appel téléphonique du centre où une place vient de se libérer pour l’après-midi même. Mon épouse me conduit au centre en voiture et voilà comment je me retrouve devant cette porte qui s’ouvre devant moi pour me donner accès à une salle de dialyse.


Une infirmière me prend en charge  me raccorde à la machine tout en m’expliquant le principe de fonctionnement. La première séance sera de 2 heures, la suivante de 3 heures et ensuite 4 heures trois fois par semaine. Je me familiarise petit à petit avec ce monde dans lequel je me sens en sécurité. Je supporte très bien les séances de 4 heures, je termine, aujourd’hui la quatrième semaine.


Une idée me trotte dans la tête et je choisis de l’exposer à la psychologue que j’avais demandé à rencontrer. Je lui parle de mon histoire et de mon cheminement pour parvenir à accepter le fait d’être dialysé un jour. Avant que je ne lui demande quoi que ce soit elle me propose de mettre en place une petite structure au sein de laquelle je pourrais par mon expérience aider des personnes en attente de dialyse. Bien entendu je réponds positivement à son offre et me réjouis de pouvoir me rendre utile. Elle prend mes coordonnées et me promet de me rappeler très rapidement.


Aujourd’hui ma vie ainsi que celle de mon épouse qui a toujours été présente à mes côtés s’organisent autour de ces après-midi de dialyse.


L’étape suivante sera une éventuelle greffe pour laquelle je me suis également préparé. Le jour venu c’est avec sérénité et confiance que j’aborderai cette nouvelle épreuve.


Je remercie chaleureusement mon épouse qui m’accompagne depuis plus de quarante ans, ma médecin généraliste, précieux fil conducteur de ma santé ainsi que l’ensemble du personnel du centre de dialyse en lequel j’accorde toute ma confiance.


Je termine par une mention particulière pour une personne exceptionnelle qui vit du côté de Bruxelles en Belgique avec laquelle nous entretenons des échanges très forts. Étant accompagnatrice de personnes en fin de vie elle m’a largement inspiré pour me tourner vers les autres et leur accorder de mon temps. Cette belle âme se reconnaitra.


Philippe Roelants le 2 déc 2022

Écrire commentaire

Commentaires: 0